Interdiction des drapeaux étrangers à Nice

C’est un arrêté un peu particulier et tout à fait surprenant qui a été prononcé lundi dernier. Monsieur Christian Estrosi, Député-maire UMP à la ville de Nice, a déposé un arrêté municipal visant à interdire l’exposition « ostentatoire » de drapeaux étrangers dans le centre ville entre 18 heures et 4 heures du matin jusqu’au dernier jour de la coupe du monde -le 13 juillet. Il expliquait que des « comportements intolérables » devaient être canalisés devant une « perte d’autorité de l’Etat » que lui-même reconnait -ou plus exactement, dans laquelle il lui est confortable de se complaire. Affaire dérangeante.

Pas de drapeaux, pas d’émeutes?

Derrière la subtile formulation de drapeaux étrangers, monsieur Estrosi s’est basé sur les incidents Algériens à la suite du match du pays. Il faut limiter les débordements liés à une Coupe du Monde supposée rassembler et créer du lien social, c’est certain. Cependant, on a du mal à envisager comment le fait de condamner une ville entière à ne pas porter ses couleurs (à moins qu’elles ne soient celles du maire) peut canaliser les « faiseurs-de-bruit », ceux qui, toujours, trouveront le moyen de dégrader ou créer des débordements, punissant une majorité qui se contente de klaxonner pour féliciter son équipe alors qu’eux ne s’arrêtent précisément pas à l’affichage d’un drapeau. D’autant que, s’il n’y avait pas anguille sous roche, il n’y aurait techniquement aucune raison de ne pas interdire le drapeau français lui aussi -à moins de supposer que les supporter français soient plus tranquille… et ça c’est grave, n’est-ce pas?

Un avocat porte plainte

Maître Sephen Guez-Guez, un avocat niçois, a contesté l’arrêt mardi matin et cherche à le faire annuler, avec le soutien de plusieurs associations. Il entend obtenir le soutien du tribunal administratif qui devrait remarquer le caractère anticonstitutionnel du décret, qui va à l’encontre de la liberté d’expression, de réunion et qui, en somme, ressemble plutôt à un arrêt xénophobe.